Le triple vitrage : superflu ou révolution ?
Alors que le recours au double vitrage devient de plus en plus répandu dans l'habitat individuel pour assurer un confort et une tranquillité supérieurs au simple vitrage, le triple vitrage commence également à retenir l'attention. Les espaces vitrés offrent ainsi de nombreuses possibilités de choix mais soulèvent également beaucoup de questions chez les consommateurs notamment en termes d'efficacité et d'usage.
Le principe des vitrages multiples.
Le recours à un multi-vitrage, formé par l'addition des parois de verre constitutives du vitrage, est destiné à augmenter les performances d'isolation en créant des espaces hermétiquement fermés entre la face extérieure et la face intérieure de la fenêtre. Plus concrètement, ces vitrages utilisent les lois physiques qui impliquent qu'un espace clos contenant un air sec et immobile, dans le sens où il ne permet aucun échange gazeux alentour, acquiert naturellement un pouvoir isolant.
L'effet de l'isolation étant alors directement fonction de la quantité d'air emprisonnée et donc de l'épaisseur de la lame d'air contenue dans l'interstice séparant les deux parois de vitrage. Suivant ce procédé, les doubles vitrages possèdent un espace isolant enfermé entre deux vitres tandis que les triples vitrages en offrent deux successifs, contenus par trois parois espacées. C'est justement cette succession qui est à l'origine des écarts de performances qui font que le triple vitrage apporte réellement une meilleure isolation que le double vitrage à gamme équivalente.
L'association vitrage - gaz rare.
Tout comme le double vitrage, le triple vitrage peut utiliser un remplissage de gaz rare pour perfectionner ses qualités d'isolation. Les gaz rares possèdent des propriétés propres à renforcer le pouvoir isolant des vitrages au niveau thermique, en limitant les déperditions de chaleur produites par le simple emploi de lames d'air. Ils sont non seulement moins conductibles que l'air mais aussi plus lourds. Ce qui limite en plus des pertes par conduction, les pertes dues à la convection en ralentissant les déplacements gazeux à l'intérieur des espaces clos des vitrages multiples.
L'argon est aujourd'hui le gaz le plus employé dans la conception des doubles et triples vitrages, car il est celui qui représente le meilleur rapport qualité d'isolation - prix. Outre ces vitrages à lame d'argon, vous pourrez aussi opter des vitrages au krypton, plus performant mais également beaucoup plus coûteux.
Autres paramètres jouant sur la qualité d'isolation.
Outre le remplissage des espaces des vitrages multiples, un autre procédé permet d'accroître une fois encore le pouvoir isolant du vitrage en diminuant son émissivité c'est-à-dire, dans ce cas précis, les transmissions thermiques par rayonnement infrarouge. Pour restreindre ce phénomène, une solution : le recours aux revêtements à faible émissivité. Ces revêtements transparents sont composés d'une très fine couche d'oxyde métallique qui laisse passer les ondes courtes de la lumière du soleil en faisant écran à une partie de la transmission de la chaleur par rayonnement, caractérisée par des ondes plus longues. Relativement fragile, ce type de revêtement est de préférence appliqué sur une des faces internes des multi-vitrages et permet de nuancer l'effet recherché par le choix de sa position. En effet, son application sur la vitre la plus proche de l'extérieur limitera les apports de chaleur des forts ensoleillements en été tandis que son application sur la vitre la plus proche de l'intérieur restreindra, au contraire, les pertes de chaleur la nuit et en hiver.
Quoiqu'il en soit, le vitrage ne fait pas tout dans l'isolation. Avant tout, assurez vous bien de l'étanchéité du pourtour reliant le vitrage au cadre de la fenêtre et soyez particulièrement attentif sur les joints de la fenêtre elle-même. C'est souvent ici, au niveau des huisseries et du châssis assurant la fermeture de la fenêtre que se situent les points faibles. Si l'encadrement et la menuiserie ne sont pas fiables, vous pourrez être sûr d'avoir des déperditions même en investissant dans le meilleur triple vitrage haut de gamme. N'oubliez pas non plus les bons réflexes : en fermant vos volets la nuit, vous contribuez à isoler.
Triple vitrage et performances d'isolation.
Le calcul des performances isolantes des triples vitrages dépend d'une multitude de facteurs, avec notamment : l'influence du type et des caractéristiques du triple vitrage en question (lame d'air, argon, épaisseur des espaces, à faible émissivité ou non, etc), l'orientation de la fenêtre (nord, sud, est, ouest, etc), la région où vous habitez, le matériau dans lequel est conçue la fenêtre (bois, PVC, etc). Un calcul à personnaliser, en somme.
Néanmoins pour vous donner un ordre d'idée, il est possible de vous référer à la valeur U associée. Celle-ci traduit la force de conductivité thermique. Autrement dit plus elle tendra vers 0, plus le pouvoir isolant sera fort. Même s'il est difficile de donner exactement le U d'un vitrage en référence à toutes les variables qui peuvent être prises en compte, nous pouvons vous indiquer un ordre d'idée. Un triple vitrage ordinaire possédant deux lames d'air de 12mm chacune, installée dans de bonnes conditions, devrait afficher un U d'environ 1, à deux ou trois dixièmes près. Dans des conditions de conception et d'environnement équivalent, un double vitrage standard aura un U légèrement inférieur plutôt de l'ordre de 2.7 - 2.9 et un simple vitrage de 5.7 - 5.8.
Si l'on se base sur ces mêmes rapports pour faire la distinction entre un triple vitrage ordinaire et un double vitrage basse émissivité avec argon, la différence des U montrerait un léger avantage pour le triple vitrage ordinaire à environ deux à quatre dixièmes près. Aussi l'emploi du triple vitrage, dont le coût est près de 80% supérieur à celui du double vitrage à gamme équivalente, peut-il être qualifié de sur-isolation. L'emploi d'un double vitrage performant est donc plus à même de satisfaire la majorité des foyers français en terme d'isolation.
Mais alors, où réside l'intérêt du triple vitrage ?
Indéniablement le triple vitrage assure la meilleure isolation possible dont vous pourrez bénéficier à l'heure actuelle pour équiper vos fenêtres. Mais comme nous venons de le souligner, cette volonté d'isolation maximum, compte tenu de son prix, ne s'adresse pas à tout le monde. Surtout s'il s'agit de gagner quelques dixièmes d'isolation supplémentaire. En fait, son intérêt s'inscrit plus dans une logique de limitation optimale des pertes énergétiques sous-tendue par celle d'un habitat respectueux de l'environnement qui consomme si peu qu'il se rapproche de l'idée de la maison "zéro énergie". Le triple vitrage est donc de ce fait plus un produit destiné à équiper les maisons passives.
Aussi, le triple vitrage a un avenir tout assuré. Certain de ces triples vitrages se sont par ailleurs vu attribuer le label habitat passif. Et pour cause, le triple vitrage est un peu le nec plus ultra pour ceux qui font le pari de la basse consommation et ont déjà investit dans ce sens. Mais ne vous lancez pas trop vite, investir dans un triple vitrage avant d'assurer la bonne isolation de toute votre maison serait un non sens.
Pour finir, les petits inconvénients du triple vitrage.
L'ajout d'une troisième paroi au vitrage, bien qu'elle assure une meilleure isolation thermique et phonique, entraîne aussi quelques désagréments. Tout d'abord, celui de l'encombrement supplémentaire qu'il entraîne, même si l'est vrai que la solution des triples vitrages au krypton permet de le limiter d'une certaine manière. Le krypton possède en effet un pouvoir isolant assez fort pour permettre de réduire la taille des espaces séparant les vitres en gardant des performances équivalentes à l'emploi de l'argon, mais l'emploi de ce gaz onéreux a aussi pour effet d'augmenter une facture déjà bien élevée.
Le poids induit est également un problème dans le sens où un triple vitrage est beaucoup plus lourd qu'un double vitrage, ce qui implique qu'il est non seulement plus difficile à manipuler mais surtout qu'il nécessite une huisserie et une menuiserie adaptée. Cette charge supplémentaire tend notamment à fatiguer les charnières de l'ouvrant.
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